Depuis plusieurs semaines, un nouveau virus jamais connu de l’homme a commencé à nous infecter. Débutant son voyage par la Chine puis se propageant au reste du monde, nous sommes désormais face à une crise sanitaire sans précédent… Après le confinement de Wuhan et sa région (60 millions d’habitants ) du fait de la propagation déjà inquiétante de ce virus, notre ministre de la santé Agnès BUZYN se montrait rassurante disant que les chances pour que nous soyons touchés étaient infimes… intox ou certitude… Un mois et demi plus tard, l’épicentre de ce nouveau virus à la contagion exponentielle se trouve désormais entre l’Italie du nord et l’Est de France. Pour répondre à l’urgence sanitaire, l’état nous demande désormais, nous soignants, de faire face à ce virus mortel sans traitement validé à ce jour. La seule certitude scientifique que nous ayons est qu’un équipement médical particulier soit nécessaire pour se protéger et éviter de tomber nous-mêmes malades afin de remplir au mieux notre mission. Cet équipement nous en parlons depuis des semaines: masques FFP2, Solution hydro alcoolique, surblouse, surchausse et charlotte. Pour que la population se protège elle-même également et ce qui aurait été indispensable dès le début : des masques chirurgicaux pour tout le monde… A ce jour, nous sommes toujours en manque de matériel, rien n’a été anticipé probablement par manque d’intérêt et de considération à ce qui se passait de l’autre coté du globe, à l’heure où les transports aériens n’ont jamais été si importants… Aujourd’hui que la nation et l’état ont besoin de sauver une population, nous soignants sacrifiés depuis des années au profit d’une politique d’austérité financière, et méprisés par les politiques, nous voilà devenus des héros indispensables mis en avant avec une belle pommade ! On nous demande de soigner plusieurs milliers de personnes avec uniquement des masques chirurgicaux et non des masques FFP2 car rupture de stock, favorisant la transmission du virus aux soignants et donc aux patients potentiellement sains par effet domino. Comment endiguer une attaque virologique de cette ampleur en continuant à exposer les patients dans des cabinets médicaux de médecine générale avec pour seul équipement une boite de 50 masques chirurgicaux, les solutions hydro alcoolique étant toujours en rupture de stock également…

En résumé, l’Etat demande aux soignants après un délai de réaction plus que lent, d’affronter un ennemi viral microscopique sans traitement actuellement validé, qui sature nos services hospitaliers, avec un matériel de protection inadapté. Nous sommes en guerre, une guerre virale dont nous ne connaissons pas grand chose, et où l’état envoie au front des médecins non équipés qui tombent malades et dont certains mourront. C’est comme revivre une guerre 14-18 (la plus meurtrière) où les soldats sont partis au front sans l’équipement nécessaire. De la chair à canon, sacrifiée…. Une pensée pour ces bureaux de votes municipaux qui étaient équipés en masque FFP2 et gel hydro alcoolique alors que les médecins libéraux et hospitaliers qui gèrent déjà la crise depuis des semaines dans l’Est et le reste de la France n’ont plus accès à ce matériel par rupture des stocks…

Quand quelqu’un vous méprise mais qu’il sait vous mettre sur un piédestal quand il a besoin de vous, c’est qu’il vous manipule. Aujourd’hui , nous « blouses blanches », feront face à nos responsabilités et prendront en charge tous patients qui nécessiteront des soins dans la limite des capacités hospitalières, et libérales au détriment de nos vies personnelles et peut être plus… Pas pour l’état, mais par Devoir. Après la crise j’espère que l’état répondra de ses propres manquements, et reverra les nombreux lits hospitaliers sacrifiés depuis des années au profit d’une rentabilité financière qui aujourd’hui nous oblige NOUS médecins à faire un choix éthique à savoir à qui nous allons sauver la vie par manque de respirateur dans les hôpitaux…

Elle est peut être venue la fin des technocrates et de la médecine administrative, car je ne pense pas qu’aujourd’hui les directeurs d’ARS serviront par leurs compétences à intuber un malade. Ce virus souffle un vent malgré tout positif qui dit : « Rendons la médecine aux médecins », car bien que percus pour des ingrats corporatistes, nous restons indispensables a la vie !

CA SMAER